Stark Vital Nr. 22
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Les personnes âgées ont une grande expérience de la vie, c’est pourquoi elles doivent être respectées. Cependant, elles sont souvent incomprises, voire discriminées. Un de mes amis vivant à l’étranger a reçu une distinction prestigieuse de la fédéra tion nationale des arts martiaux, un Dan senior, pour ses résultats au cours de sa longue carrière sportive. Dans son envi ronnement, ceux qui le connaissent savent que par le passé, il avait remporté de nom breux titres dans les compétitions de son pays et qu’au fil des ans, il avait toujours fait de son mieux pour la fédération. Un nouveau président a été nommé à la tête de la fédération mondiale, et bien qu’il ne connaisse cet homme âgé que par ouï-dire, il a pris la liberté, dans l’une de Nous sommes prédestinés à faire deux pas en avant et un pas en arrière
ses premières déclarations officielles, de critiquer le fait qu’un inconnu ait reçu un ordre aussi élevé, à savoir la ceinture noire du 7ème Dan. Autre anecdote : il y a une trentaine d’années, une de mes connaissances a participé à un cours de stretching d’une journée donné par Karin Albrecht et a reçu une attestation de participation de la part de la caisse maladie SWICA, qui avait orga nisé l’événement. Difficile à croire, mais le certificat n’a pas été signé par Karin Alb recht, une spécialiste en la matière, mais par un directeur et un directeur adjoint de SWICA. Où sont aujourd’hui ces deux messieurs dévoués à la prévention ? Ils ont disparu de la scène. Dans les entreprises de tous les secteurs, les compétences se perdent au fil des générations. Il y a 30 ans, SWICA était le leader absolu en Suisse en matière de collaboration avec les centres de fitness,
c’est-à-dire qu’elle prônait la logique de la «prévention par la musculation» . Si les directeurs successifs avaient promu cette approche au fil du temps, les centres de fitness n’auraient pas été contraints de fermer pendant le confinement en raison de la pandémie parce qu’ils étaient consi dérés comme «NON RELEVANTS» . Au contraire, sur la base des arguments de SWICA, le Conseil fédéral aurait reconnu l’importance de la musculation dans le ren forcement du système immunitaire. Mais il arrive que des projets considérés comme innovants se révèlent contre-pro ductifs. Les décisions non réfléchies, que ce soit dans la vie privée ou profession nelle, peuvent conduire à faire deux pas en avant et un pas en arrière. D’un point de vue purement philosophique, cependant, tout le monde mérite une seconde chance dans cette vie terrestre. Jean-Pierre Schupp
La maltraitance des personnes âgées dans un état de vulné rabilité et de dépendance est une réalité latente dans notre société. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que seul un cas sur 24 est signalé, car les victimes sont souvent effrayées ou simplement trop fragiles pour dénoncer les abus. Il s’agit probablement d’une sous-estimation, car les statis tiques sur l’ampleur réelle du problème sont rares. Qu ’ est-ce que la maltraitance des personnes âgées ? L’OMS a formulé la définition suivante : «La maltraitance des personnes âgées consiste en un acte unique ou répété, ou en l’absence d’intervention appropriée, dans le cadre d’une relation censée reposer sur la confiance, ce qui entraîne des effets délétères ou une détresse morale pour la personne âgée qui en est victime. Ce type de violence constitue une violation des droits humains et recouvre les violences phy siques, sexuelles, psychologiques ou morales ; les abus matériels et financiers ; l’abandon ; le défaut de soins ; et l’atteinte grave à la dignité ainsi que le manque de respect.» La violence sous ses différentes formes peut être perpétrée aussi bien dans un cadre privé (famille) qu’au sein d’institutions publiques telles que les hôpitaux, les maisons de retraite et autres établissements de soins de longue durée. Les actes abusifs comprennent, sans s’y limiter, les coups, la conten tion physique des patients, la privation de leur dignité (par exemple, les laisser avec des vêtements souillés ou imbibés d’urine) et de leur liberté de prendre des décisions concernant les affaires quotidiennes, la négligence et l’absence de soins (par exemple, provoquer des escarres), le refus d’administrer des médicaments, la sur- ou sous-médication et la violence psychologique. La maltraitance peut entraîner des blessures physiques, voire une invalidité, qu’il s’agisse d’éraflures ou de contusions mineures ou de fractures, ainsi que des conséquences psychologiques importantes et parfois persistantes telles que la dépression et l’anxiété. Les conséquences sont parfois particulièrement graves et le rétablissement peut prendre beaucoup de temps. Même des blessures relativement mineures peuvent entraîner des dom mages graves et permanents ou même conduire à la mort. La violence envers les personnes âgées
En ce qui concerne la pandémie de COVID-19, Claudia Mahler, experte autrichienne indépen dante en matière de droits de l’homme des per sonnes âgées, indique que les derniers résul
tats suggèrent même une augmentation de la prévalence de la violence sur les personnes âgées pendant cette période difficile. Prévisions pour l ’ avenir À l’échelle mondiale, le nombre de cas de maltraitance des personnes âgées est appelé à augmenter, car de nombreux pays connaissent un vieillissement rapide de leur population. La population mondiale âgée de 60 ans et plus devrait plus que doubler d’ici 2050, passant de 900 millions en 2015 à environ 2 milliards, la grande majorité vivant dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Si la proportion de personnes âgées victimes d’abus reste constante, le nombre de personnes concernées augmentera rapidement en raison du vieillissement de la popu lation, pour atteindre 320 millions en 2050 (OMS). La plateforme nationale «Vieillesse sans violence» Toutefois, ce phénomène inquiétant fait l’objet d’une prise de conscience croissante. Le Conseil fédéral a abordé cette ques tion dans un rapport, considérant qu’il s’agit d’un problème de santé publique. La plateforme nationale «Vieillesse sans vio lence» (www.vieillessesansviolence.ch) réclame une meilleure préven tion de cette tendance alarmante, qui est restée cachée pen dant des années. Créée pour assurer la prévention, le conseil et le soutien rapide en cas de crise, la plateforme est le fruit de la coopération entre trois grands organismes : • alter ego en Suisse romande • Unabhängige Beschwerdestelle für das Alter UBA en Suisse Alémanique • Pro Senectute Ticino et Moesano ein Suisse italienne Programme d ’ impulsion à la prévention Afin de renforcer encore l’efficacité du centre de compétences, Vieillesse sans violence invite le Conseil fédéral et les cantons à mettre en œuvre le programme d’impulsion pour prévenir la violence dans la vieillesse. Parallèlement à la création de structu res professionnelles, les autorités sont invitées à s’engager avec d’autres acteurs dans la réalisation de projets concrets.
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